Un nouveau témoignage d’éleveur sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram et LinkedIn) de « We love Bourgogne » dédié à un éleveur, maïsiculteur de Côte d’Or. Ce nouveau portrait de « Gueules de Bourguignons » visite une ferme familiale de 120 vaches laitières en région Bourgogne Franche-Comté.
Troisième et dernier interview, celui de Baptiste Colson, éleveur de vaches laitières en Côte d’Or, diffusé le 3 février 2022.
« Je m’appelle Baptiste Colson, j’ai 30 ans et je suis installé depuis 8 ans sur la ferme familiale, avec mon père, mon oncle et mon cousin. On a aussi une salariée et deux apprentis. L’activité principale de la ferme est l’élevage de vaches laitières : on a 120 vaches de race brune, qui produisent un million de litres de lait par an. Mon arrière-grand-père produisait de la viande, puis mon grand-père – qui a commencé à produire du lait, en recevant 3 vaches brunes en dot quand il s’est marié à ma grand-mère – s’est complétement consacré à l’élevage laitier dans les années 1970. Plus récemment, nous avons créé un atelier de transformation du lait : on produit du fromage blanc, de la crème dessert et de la crème glacée avec 100 000 litres de lait, qu’on vend dans notre magasin de producteurs à Dijon, dans les épiceries alentour, sur les marchés et pour la restauration collective. Le reste du lait non transformé est vendu à la coopérative Agrial, principalement pour les produits de marques distributeur. Dernière activité de notre ferme : la production de cultures végétales, avec du blé, de l’orge, du pois et du tournesol, mais aussi de la luzerne et du maïs pour le fourrage. Mon père produit du maïs fourrager depuis 30 ans pour l’élevage, ce qui sécurise notre stock d’aliment pour les vaches : ce sont d’ailleurs 12 % de nos parcelles qui sont réservées au maïs. Niveau récolte, on hache la plante entière, à la fois pour éclater les grains (et les rendre bien digestes), et pour récupérer les fibres des feuilles et des tiges. Les vaches mangent ainsi 30 kg de maïs par jour. Comme cette année a été très bonne, ça nous a permis de garder une partie de la production pour le grain – environ 90 quintaux – qui seront transformés en semoule, en bioplastique, en bioéthanol, par exemple. »
« Ici, on pratique le « travail des sols simplifié », ou encore « l’agriculture de conservation » : bien adaptée à nos terres. Les trois quarts de nos parcelles de maïs sont en monoculture. Il y a deux raisons à cela : la première c’est qu’elles sont en zone inondable, donc il faut des cultures d’été car si on plante du blé par exemple, il va être inondé en période de forte pluie et sera donc perdu ; la deuxième, c’est que ce sont les parcelles avec les meilleurs potentiels, et puisqu’on veut sécuriser notre fourrage, c’est le maïs qu’on privilégie sur ces espaces. Dans la culture traditionnelle du maïs, on récolte, on laboure et on sème l’année d’après ; tandis que moi, au mois de juin, pendant que le maïs pousse, au moment où je procède au désherbage mécanique, je sème un couvert végétal entre les rangs de maïs, qui va pousser en hiver. Ça permet au sol de ne jamais être nu, de conserver l’azote présent et de limiter l’érosion. Puis quand vient le printemps, au lieu de labourer ou de retourner la terre, j’utilise un outil qu’on appelle un fissurateur pour décompacter le sol et permettre au maïs de pouvoir s’enraciner, et enfin, on sème. Puis on recommence Le maïs est donc une plante très intéressante dans notre système de travail – une culture ultra-raisonnée – parce qu’une fois bien implanté, il nous permet de faire du désherbage mécanique très facilement et donc de réduire au maximum l’utilisation des produits phytosanitaires. »
« Aujourd’hui, sur la ferme, le maïs est la culture qui utilise le moins de pesticides : si on raisonne en termes d’IFT (l’indice de fréquence de traitement, c’est-à-dire le nombre de passages d’une dose homologuée de produit), les cultures de type orge ou blé sont à 3 ou 4 d’IFT, alors que le maïs, chez nous aujourd’hui, est plutôt à 1,2 ou 1,3. De plus, comme nous ne retournons pas la terre, nous avons un sol riche en carbone, là où la culture du maïs est aussi très intéressante est qu’elle capte beaucoup de CO2, sachant qu’un hectare de maïs en capte 2 fois plus qu’un hectare de forêt en moyenne, et rejette de l’oxygène. Enfin, pour ce qui est de son besoin en eau, le maïs a mauvaise réputation, puisqu’il doit en recevoir surtout au moment de sa floraison, qui tombe autour du 15 juillet ici, donc à un moment où il y en a moins. Pourtant c’est la plante cultivée qui demande le moins d’eau. Ce sont finalement nos cultures fourragères, le maïs et la luzerne, qui sont les plus durables sur l’exploitation. Aujourd’hui, de gros efforts sont faits pour avoir des variétés de maïs qui consomment moins d’eau, et résistent aux maladies et aux ravageurs. Dans notre ferme, on choisit un maïs précoce parce qu’on est dans une zone fraîche : il pousse plus tôt que les autres, parce qu’il nécessite moins de chaleur pour arriver à la fin de son cycle. Nous sommes aussi très attentifs à la valeur nutritionnelle de notre maïs pour les animaux. Avec un hectare de maïs, on est capable de produire autant de nourriture pour nos vaches qu’avec trois hectares d’herbe. Pour n’utiliser que de l’herbe, il faudrait multiplier la surface de nos pâturages par 3 (ce qui n’est physiquement pas possible) ou réduire notre troupeau, et donc le nombre d’emplois sur l’exploitation. En plus, la qualité de l’herbe varie selon les saisons : on aurait donc des variations de production de lait suivant le moment de l’année, si on ne nourrissait les vaches qu’avec de l’herbe. Mais avec du maïs, on peut maintenir la qualité de la ration de nos vaches toute l’année, afin d’avoir le même volume de lait tous les mois. C’est important pour pouvoir tenir nos engagements auprès des consommateurs fidèles à nos produits. »